Il y a des ans (47 à vrai dire) je lus les Odes de Horace. Le prof (Frederic Peachy) savait bien son sujet, mais jamais soupçonna un sens caché. Même un esprit pénétrant comme G.E. Lessing (Rettungen des Horaz) n'a vu rien que la moitié de la verité ("Der Odendichter besonders pflegt zwar fast immer in der ersten Person zu reden, aber nur selten ist das ich sein eigen ich.") Ses raisonnements son à la première lecture intrigants et à la fin convaincants.
mjt
Danke, c’est encourageant. En fait, le plus difficile à faire admettre, c’est sans doute moins les changements (non signalés) de locuteurs, que l’existence d’un anti-Ego tout aussi réel qu’Ego lui-même, et de la guerre aussi secrète qu' inexpiable qu’ils se livrent l’un à l’autre. Il faudrait chercher des précédents dans la littérature universelle.
Robert Graves suggéra que Homère ait parlé en sa propre voix par Thersites, en se moquant de l’aristocratie de son temps par la vanterie des héros devant Troie. En tout cas, ce n’est pas un parallel très exact. Le monumentum de Horace, est-il peut-être unique? - mjt
Dans le film à clef Citizen Kane (1941), le metteur en scène et acteur Orson Welles interpréta le rôle de Kane, l’Auguste réincarné, comme ainsi dire, d’un empire journalistique. Quelques-uns (y compris William Randolph Hearst) ont vu ici une personne peu masquée – William Randolph Hearst. Ego et anti-Ego dans le même rôle ? (Welles démentait cette idée, mais il souffrait néanmoins aux mains de Hearst.)
Welles niait, naturellement, mais anti-Ego se dissimule par prédilection sous Ego (et vice-versa).
Mais à propos d’Auguste réincarné, on pourrait probablement en citer beaucoup d’autres. Le livre de Littlell, « L’hirondelle avant l’orage », qui vient de paraître en France, met en scène l’affrontement entre Staline, grand amateur de poésie, et Mandelstam, qui avait osé le défier et qui rêvait de faire exploser la dictature avec un poème. Naturellement, Mandelstam finit sa vie dans un camp. Décidément, l’histoire se répète. jym
Mandelstam n’a pas compris comment on emploie la cacozelia latens. Encore un argument pour l’avantage de l’inclusion des classiques de l’antiquité grec y romain dans l’éducation libérale. mjt