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Virgil Murder

PUBLIUS VERGILIUS MARO : 70 B.C. - 19 B.C.

Virgil-murder
Les poètes latins

  • Amaryllis et Galatée
  • Posted : 2009-04-01 14:09:23 By Jean-Yves Maleuvre
  • La question de l’allégorie dans les Bucoliques de Virgile a toujours été âprement discutée, mais les équivalences que vous proposez me semblent solidement fondées, et je les ai personnellement défendues dans Violence et ironie… Le sujet demanderait un long développement, mais arrêtons-nous seulement ici sur I, 36-37 : Mirabar quid maesta deos, Amarylli, uocares, / Cui pendere sua patereris in arbore poma. L’interprétation standard (« Je me demandais, A., pourquoi tu appelais les dieux, et pour qui tu laissais les fruits pendre à leur arbre ») est d’une grande platitude, en ce qu’elle réfère étourdiment sua à poma (comme si les fruits pouvaient pendre à un autre arbre que le leur), alors que sa mise en relation avec cui produit un sens beaucoup plus affûté, surtout sur les lèvres de Mélibée, chassé de son domaine : « à qui tu permettrais de garder la propriété de ses arbres ». Il faut donc comprendre qu’A. masque un personnage qui a la haute main sur les expropriations en Cisalpine, Varus, ce valet d’Octave qu’il appelle à la rescousse (deos uocares : cf. deus, 6, Octave divinisé) : nous sommes en –40, au temps de la guerre de Pérouse. Maintenant, si Amaryllis = Varus, Galatée doit masquer son prédécesseur à la tête de la Cisalpine (cf. Postquam nos Amaryllis habet, Galatea reliquit, 30), Pollion. Le premier est fustigé par l’ironie virgilienne dans le prologue de VI, le second glorifié dans le prologue de VIII. jym
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  • Amaryllis
  • Posted : 2009-04-05 20:36:36 By Visitor
  • Suetonius dit (Vergile 19) que le poète ait chanté les louanges de Asinius Pollio, Alfenus Varus, et Cornelius Gallus parce que ce-ci l’avaient preservé de la ruine (indemnem praestitissent). Deliciae nostrae indique une bien aimée (à moins que avec de la ironie). Si Amaryllis = Alfenus Varus, comment est-il ennemi ? En -40, Octave n’etait pas encore divinisé. De plus, erit ille semper mihi deus (I.7) suggère un bienfaiteur, pas un dieu en sens religieux. (En tout cas, un dieu pour Tityrus, un voleur pour Meliboeus.)mjt
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  • Amaryllis
  • Posted : 2009-04-06 09:58:29 By Jean-Yves Maleuvre
  • C’est exact, en –40 Octave n’était pas encore divinisé (cependant il se faisait déjà intituler DIVI FILIVS, ‘Fils de Dieu’), mais là justement se trahit l’ironie du poète, qui insiste à plaisir sur cette divinité (deus… namque…deus, I, 6-7 ; deos, 36 ; diuos, 41… et les sacrifices !). D’ailleurs, c’est Tityre qui parle, et, comme vous l’observez, il existe une tension extrême entre sa vision et celle de Mélibée (Octave = un voleur : oui, et même un barbare et un impie : 70-71). Or, T. n’est qu’un privilégié (du moins en apparence), tandis que M. représente l’immense cohorte des expropriés (undique totis, 11) : où penche la balance ? Virgile n’est ni neutre, ni indifférent, et encore moins servile : il est ironique (molle atque facetum : Hor. Sat. I, 10, 44). Une ironie qui s’exerce également à l’encontre d’Amaryllis, dont le vrai visage apparaît après décryptage de I, 37, ce qui fait basculer delicias… nostras, IX, 22 dans l’antiphrase. Et Suétone aurait dû sentir que le prologue de VI est tout imprégné de dérision à l’égard de Varus (voir aussi IX, 26-29).
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